L'éducation contre la barbarie

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Une tragédie endeuille une nouvelle fois le pays : un enseignant a été assassiné vendredi 13 octobre à Arras sur le parvis du lycée où il exerçait.

Les Ceméa affirment que la sécurité est la première des nécessités vitales qu’une société doit garantir à toutes et à tous : la sécurité physique et psychique est une condition absolument indispensable à tout apprentissage. Ils affirment qu'il est nécessaire d'investir dans des dispositifs de prévention et de formation des personnels pour permettre à toutes et tous de vivre l'éducation comme moyen de compréhension du monde et de lutte contre toutes formes d’obscurantisme.

Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, quatre ans après une tentative d’attentat dans une école maternelle en Seine-et-Marne, onze ans après l’attaque terroriste dans une école de Toulouse… nos écoles font de nouveau l’objet d’une agression barbare, qui coûte la vie à un professeur.

Les Ceméa affirment que la sécurité est la première des nécessités vitales qu’une société doit garantir à toutes et à tous. Les pédagogues de l’Éducation nouvelle ont d’ailleurs bien identifié, depuis longtemps, que la sécurité physique et psychique est une condition absolument indispensable à tout apprentissage. C’est pourquoi l’École, comme tous les lieux éducatifs, doivent absolument être des « espaces hors menaces ». C’est ainsi qu’un enfant ou un·e adolescent·e pourra s’engager sereinement dans l’inconnu et aborder l’aventure des savoirs. Dans les jours et les semaines à venir, certain·es vont aller dans les institutions de la République, les lieux d’enseignement, avec la peur au ventre, paralysés par l’inquiétude. Cette situation est en totale contradiction avec les objectifs de ces institutions.

Si on peut comprendre le désir de garantir la sécurité dans les espaces publics et notamment dans des lieux d'enseignement, la priorité doit avant tout être d'investir dans des dispositifs de prévention et de formation des personnels.

Les Ceméa réaffirment que le projet de l'Éducation nouvelle est l'émancipation par le savoir. Ils réaffirment leur volonté de s’appuyer sur la science comme moyen de compréhension du monde et de lutte contre toutes formes d’obscurantisme. Cette approche éducative doit être enseignée depuis le plus jeune âge à l’école et dans tous les lieux de pratique d’activités et de loisirs. Si les différences de croyances sont légitimes, les enfants et les adolescents doivent pouvoir partager les mêmes aventures et les mêmes savoirs pour se découvrir, ensemble, pleinement solidaires et parties prenantes de l’humaine condition.

Au regard de cette situation dramatique que la société vient de vivre, les Ceméa affirment qu’il devient urgent d’enseigner l’histoire des religions du monde et d’opérer une révolution du système éducatif français afin de passer d’une logique de concurrence à une logique de coopération.

 « Le seul moyen de lutte qui nous reste, pour refuser l’arbitraire et la barbarie, est de ne pas renoncer à notre éducation »

Mohammed Moulessehoul.

Il est alors temps de considérer que les métiers de l’éducation sont essentiels et qu’il faut s’armer de courage pour lutter, contre les inégalités, les archaïsmes et les dogmatismes mortifères, la montée de l’individualisme et des communautarismes ainsi que les usages ravageurs des réseaux sociaux...

Dominique Bernard a été tué en protégeant des élèves, cet acte de bravoure lui a coûté la vie, nos pensées accompagnent sa famille, ses collègues et ses proches.

Retrouvez le témoignage de Philippe MEIRIEU, vice président des Ceméa, sur le site du café pédagogique.