Arriver au beau milieu d’une communauté où tout le monde partage des valeurs communes, des instants communs, un bout d’histoire commune, où chacun et chacune a vécu des projets, des festivals, des stages avec au moins l’un ou l’une des autres présent·e·s, arriver dans ce sérail certes d’Éducation nouvelle, mais quand même microcosme, n’est jamais simple. Ce n’est pas simple pour des invité·e·s, pour des nouveaux et nouvelles militant·e·s et cela devient complexe pour quatre jeunes migrants (originaires pour l’un du Cameroun, de Guinée Conakry pour les autres) venus de Nantes avec une militante et qui découvre le mouvement et vivent pour deux d’entre eux leur première expérience avec les Ceméa.
Et pourtant, le défi est relevé, le pari tenu, ils sont là et bien là et trouvent pleinement leur place dans cet événement interne. Voyons les choses de plus près. Ali qui n’est en France que depuis trois mois dit d’emblée qu’ici il n’est pas isolé, clin d’œil malin à une dénomination qui lui colle à la peau et que ce qu’il découvre et vit lui plaît jusqu’au point de s’engager très vite au sein d’associations dans la ville de Nantes. Malik, déjà engagé lui-même dans des collectifs et qui participe au projet « paroles de migrants » se sent bien dans cette collectivité qu’il trouve accueillante. Il a vécu beaucoup de rencontres et de situations de découvertes (pour ce dernier point, le projet radeau y est pour beaucoup). Brahim enfin apprécie ce cénacle et les liens qui s’y tissent. Il y évolue en confiance, il voit s’ouvrir pour lui un avenir et aller loin. C’est aussi pour lui une première, et cette immersion lui donne un coup de fouet. Les trois estiment qu’ils se sont senti des participants comme les autres. Pour un coup d’essai ce fut un coup de maître et l’idée qui a germé chez les copains et copines des Pays de la Loire se révèle une véritable réussite. Clémentine reconnaît qu’ils étaient prêts à rentrer à Nantes dès le focus présenté si les choses se révélaient difficiles. Il n’en est rien.
Il est rassurant et évocateur qu’au cours d’une manifestation de ce type nous sachions offrir une place à part entière à des personnes inattendues et qu’elles puissent vivre tous les instants de ces rencontres.
Une expérience à creuser et à renouveler, sans nul doute !

François Simon