Dans le même temps, sans qu’il y ait relation de cause à effet, la perception des temps sociaux change de façon notable. Les 35 heures en sont certainement un des déclencheurs, mais d’autres phénomènes y concourent. L’évolution des modes de transports, les nouveaux médias, les nouvelles technologies de la communication par exemple.
Dans le domaine des vacances et des loisirs collectifs, l’incidence va être forte nous semble-t-il. La lente érosion de la durée des séjours, bien antérieure aux phénomènes cités, va s’accélèrer, parfois au détriment de la qualité éducative des séjours, en tous cas tant qu’elle n’aura pas été anticipée. Les changements réglementaires de déclaration des séjours risquent de masquer une pléiade de propositions de très courts séjours qu’il serait pourtant nécessaire d’étudier, voire de contrôler. Dans le même temps, on ne peut se satisfaire de la disparition des "longs séjours", supérieurs à 14 jours, quand on sait qu’il reste une part non négligeable d’enfants et de jeunes désireux de partir plus longtemps.
Face à cette évolution, et de manière raccourcie, quelques pistes se dégagent : ne rien s’interdire d’expérimentations de nouvelles formes de séjours, dès lors qu’elles contribuent à favoriser le départ ou les départs. Par exemple pourquoi ne pas réflèchir à des formes se plaquant aux week-ends prolongés, voire aux week-ends. Faire en sorte que chaque lieu, structure, cadre d’organisation du loisir collectif devienne le creuset d’un projet de vacances collectives, dans le sens du départ et de la confrontation avec un "ailleurs". Prendre en compte, enfin, les désirs, souhaits et besoins des enfants et des jeunes, pour ce qui concerne les vacances collectives. Et ils en ont, et ils les expriment depuis trop longtemps sans être entendu.
Et pour faire le lien avec ce qui précède, admettre, loin de toutes vaines querelles épuisant les dynamiques et les volontés, que les vacances et les loisirs de plus de 6 millions d’enfants et de jeunes dépendent de l’engagement éducatif, de l’engagement volontaire de centaines de milliers de jeunes adultes, qui méritent reconnaissance et valorisation. L’évolution des formes d’accueil doit se penser avec eux, aussi !
Alain Gheno
Rédacteur en chef des Cahiers de l’animation