Les Ceméa, depuis leur création, ont toujours été convaincus de l’importance du rôle des rythmes biologiques dans la santé et l’équilibre des personnes – tout
particulièrement des enfants – et donc de leurs impacts sur la qualité des apprentissages, sur l’acquisition des savoirs et des connaissances et sur les comportements sociaux.
Les conditions de vie dans les sociétés contemporaines tiennent de moins
en moins compte de ces fondamentaux et les enfants sont principalement concernés tant ils sont de plus en plus obligés de s’adapter aux choix et aux rythmes des adultes.
L’organisation de l’école, les rythmes scolaires peuvent soit tempérer, soit
accentuer ces difficultés. Les récentes décisions concernant l’école primaire
vont les accentuer.
C’est le cas de la suppression du samedi matin sans réorganisation des temps
de la semaine et de l’année. C’est aussi le cas de l’aide individualisée pour
les élèves en difficulté qui aurait pu être une bonne mesure si elle n’était pas
programmée soit le matin avant la classe, soit à midi en rognant sur la pause méridienne, soit le soir, surchargeant encore une journée déjà trop longue.
Mais ce sont sans doute encore les choix des adultes qui prévalent.
Les réactions ont bien sûr été nombreuses dans le monde de l’éducation et
chez les scientifiques spécialistes de ces questions.
Antoine Prost, historien de l’éducation, a dit tout le mal qu’il pensait de
ces mesures. Les chronobiologistes, Hubert Montagner et François Testu aussi. Le ministre Xavier Darcos leur aurait répondu que la chronobiologie était « une spécialité bien française » comme si cela sous-tendait qu’elle n’était pas crédible !
Mais la chronobiologie n’est pas que française et le rapport de l’OCDE 1 2008, « Regards sur l’éducation », va dans le même sens que ces chercheurs. Les trente systèmes éducatifs étudiés dans le rapport, organisent tous l’école sur cinq jours. Tout en approuvant la réduction du temps hebdomadaire, les experts de l’OCDE critiquent eux aussi une organisation sur quatre jours et les journées trop longues qui en découlent.
Alors, devant tant de convergences, va-t-on en revenir à plus de raison ?
Si ce n’est pas le cas, on peut se demander à qui la fragilisation de l’école publique, dont la question des rythmes scolaires n’est qu’un des éléments, va-t-elle
profiter ?