La première question que (se) posent les auteurs est, évidemment, celle de la légitimité d’un clivage entre apprentissage adulte et apprentissage enfantin : la spécificité de l’apprentissage des adultes ne serait-elle soutenue par les formateurs d’adultes que pour légitimer leur propre spécificité ? La question est d’autant plus insoluble que les propositions de procédures, faites en fin d’ouvrage, émanent essentiellement d’études effectuées sur les processus d’apprentissage... des enfants.
Comme il faut bien partir d’une théorie des apprentissages, celle qui fonde l’étude de Bourgeois et Nizet est le constructivisme piagétien, avec ses processus d’accommodation et d’assimilation dont la reprise sera fort utile à tout lecteur qui en est peu familier.
En fait, ce qui, pour nos auteurs, semble caractériser l’apprentissage, c’est “ qu’on apprend à la fois avec et contre les connaissances préalables de l’apprenant ” (p. 44). De plus, la situation de formation est “ avant tout un lieu de rencontre entre différents projets de formation : celui des apprenants, celui du formateur et celui de l’institution de formation ” (id.). D’où l’importance des représentations qu’ont les divers partenaires de cette situation de formation : comment les connaître, les prendre en compte, les partager ?
Sont successivement détaillées les caractéristiques du sujet apprenant et, tout particulièrement, sa trajectoire personnelle (dont on comprend aisément que la richesse et l’originalité par rapport aux autres apprenants d’un groupe puissent être plus importantes dans une formation d’adultes que dans une classe “ homogène ” d’enfants, même si nul n’ignore que d’énormes différences existent entre les enfants d’une telle classe !) et les interactions sociales qui se développent au sein de la situation de formation (l’interaction socio-cognitive apparaissant comme le moteur essentiel de l’apprentissage). En bref, parmi les innombrables qualités de cet ouvrage, j’en retiendrai quatre : une grande clarté de composition et d’écriture (sommaire détaillé au début, index thématique à la fin du livre et conclusion explicite à la fin de chaque chapitre), une solide assise théorique, des analyses qui devraient être utiles à tous ceux qui œuvrent dans la formation des adultes et enfin des suggestions et des pistes de recherche qui ne peuvent que conforter les formateurs de notre mouvement dans leurs pratiques en les aidant à mieux comprendre où le bât blesse quand ils en font l’évaluation.