Communiquer n’est pas transmettre !
Cette question souvent pervertie par le monde de la communication et
la griserie des écrans, redevient un enjeu de société crucial pour les
militants de la culture et de l’éducation dès que l’on reconnaît que
l’humain, dans la civilisation internet a besoin d’accéder au symbolique
pour penser le monde, contre le spectaculaire, pour relier l’intime à
l’universel.
La diversification de plus en plus sophistiquée des formes et des outils
de communication dans notre société, et leur usage dans les pays riches
en particulier, est vécue comme une nouvelle marque d’évolution et de
progrès de notre société ; c’est dans tous les cas, l’idéologie, le bon à
penser qui est véhiculé dans l’opinion en flattant chez l’humain citoyen-
consommateur, la promotion de son image, l’incarnation de
son autonomie et la réalisation de sa liberté individuelle dans des objets désirants.
Aujourd’hui, communiquer participe aussi activement des formes revendiquées
d’ouverture culturelle et des conditions du vivre ensemble, on a
ainsi pu observer une multiplication d’événements et de manifestations
à succès, mélangeant subtilement ambition culturelle ou éducative et
spectacularisation de situations publiques où les personnes présentes
peuvent avoir selon les cas un rôle, une place, plus ou moins actif, participatif,
dirait-on aujourd’hui.
Des événements médiatiques et médiatisés par les grands médias qui en
sont souvent les initiateurs : marchés du livre, salon du livre de jeunesse,
divers forums. La mouvance Education populaire, secouée par l’échec de
la démocratisation culturelle et la crise du système scolaire, n’est pas en
reste. Quelque fois « boostée » par l’économie sociale, elle n’échappe pas
à cette mutation, voire même elle choisit de muter en même temps avec
l’organisation d’universités d’éducation populaire, de cafés pédagogiques,
salons de l’éducation, festivals, et pour ce qui nous concerne, par notre
implication au festival d’Avignon, par la création du festival du film
d’éducation et de ses Echos... Et c’est tant mieux ! Mais avec un objectif
fondamentalement différent, celui de rompre avec l’aliénation des personnes
et l’assistanat qui les empêche de penser, celui de faire de la
politique, de prendre parole. Un objectif d’émancipation des personnes !
Dont il est question dans ce numéro avec le dossier sur les jeunes et les
réseaux sociaux et les deux articles de C Maurel et J Manceau.
Qui se soucie et où, en effet, de l’expression sensible et politique des
personnes tantôt étiquetées usagers, tantôt clients, tantôt publics, mais
toujours citoyens, qui se soucie de l’expression critique et créative, individuelle
et collective de leur appropriation d’un message, de la
réception d’un savoir ou d’une représentation ?
Rendez vous sur nos chantiers en 2013.