article paru dans la Revue Vers l’Éducation Nouvelle n°552, Voir le sommaire et commander le numéro
L’institution mise en place par les deux gouvernements a permis à un grand nombre de
programmes de mobilité à destination des jeunes des deux pays de voir le jour. Il nous a
donc semblé important de nous saisir de cette occasion pour porter un regard sur cette
dimension partenariale particulière, dans laquelle les Ceméa se sont très tôt investis.
C’est dès l’après-guerre, à l’heure des premiers contacts avec les organisations actives
outre-Rhin, dans le champ de la jeunesse, que les Ceméa se sont engagés dans un
partenariat avec des associations et organismes de formations allemands (écoles de
formation, universités), sur des formations, des échanges de jeunes professionnels de
l’éducation, ou encore sur le travail jeunesse et social.
Par la suite, se sont construits avec ces mêmes entités des partenariats pédagogiques
bilatéraux, notamment dans le domaine de l’animation volontaire et des rencontres de
jeunes. C’est avec la création de l’Office franco-allemand pour la jeunesse, le 5 juillet 1963,
que ces premiers échanges trouveront un cadre institutionnel.
Cette coopération prendra d’autres formes au fil du temps et des événements, restant
toujours en prise avec la société. À l’issue de la guerre froide et durant les années quatrevingt
dix, le partenariat bilatéral s’oriente vers un partenariat trilatéral qui s’inscrit dans
une perspective de construction européenne, en renforçant ce cadre « privilégié » de travail
des questions d’apprentissage interculturel et linguistique, d’encouragement de la
réciprocité dans les accueils et départs, de promotion des projets collectifs.
À cette époque, la démarche a été « d’expérimenter » dans le franco-allemand et de faire
le lien avec d’autres pratiques bi- et multilatérales. Aujourd’hui, l’un des objectifs de ce
partenariat est de nourrir et de se nourrir d’autres coopérations bilatérales tels les
partenariats franco-algérien ou germano-polonais. Les témoignages et retours d’expérience
nous montrent que ce partenariat éducatif franco-allemand constitue bel et bien un lieu
de construction pédagogique, voire même un « laboratoire interculturel », source de
créativité et d’innovations dans les pratiques, à l’exemple du Bafa-Juleica*, des rencontres
de jeunes professionnels et des modules de co-formation pour animateurs professionnels,
moniteurs-éducateurs ou encore éducateurs spécialisés.
Quelle est alors la portée de ce partenariat franco-allemand ? Dans quelle mesure vient-il
alimenter des enjeux de société tels que l’éducation au monde et à l’Europe, la mobilité
pour construire apprentissages et solidarités, l’ouverture aux langues ou bien l’éducation à
l’interculturel ? L’objectif de ce dossier, en donnant la parole à des formateurs, des
enseignants, des coordinateurs de formations français et allemands, est de mettre en
exergue l’engagement politique des différents partenaires et de valoriser des pratiques
pédagogiques dans le partenariat franco-allemand et trilatéral d’hier et d’aujourd’hui, tout
en imaginant à partir de celles-ci, les relations franco-allemandes et internationales de
demain.