À tout âge on peut apprendre de mille manières, par imprégnation, par imitation, par
invention, par tâtonnements, par raisonnement. Progressivement ou d’un seul coup, avec
méthode ou au hasard. En jouant ou en peinant ; seul ou avec l’aide d’un maître, d’un aîné,
d’un pair, d’un groupe, d’une structure… Mais on apprend mal sans un climat affectif
favorable, sans un intérêt profond. Et l’on n’apprend pas sans activité personnelle… » [1]
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Tout est dit ou presque ! Ainsi se présentait la rubrique « Comment j’ai appris » [2] qui publia
il y a une vingtaine d’années une série de témoignages insolites et singuliers d’apprenants
sur leur prise d’autonomie dans une pratique ; témoignages soulignant l’importance
des situations sociales, des rencontres, de la vie collective, où se croisent idées, pratiques
et personnalités. La question de l’apprentissage et de ses enjeux, comme le dit Philippe
Meirieu dans son manifeste, celle de la découverte du plaisir d’apprendre, parcourt en
permanence la revue Ven. Elle est présente dans la diversité des expériences,
des problématiques, dans la valeur éducative des situations de la vie quotidienne relatées.
Le patrimoine de réflexions et pratiques pédagogiques des Ceméa, attentif aux pédagogies
de l’éveil, de l’étonnement, du projet, de la médiation, différenciées, « institutionnelles »,
dites libertaires, est riche d’une multitude de livrets pédagogiques, fichiers, démarches
d’apprentissage, d’entrées dans l’activité, d’acquisition de savoirs, sans jamais hiérarchiser
les disciplines entre elles, qu’elles soient scolaires ou non scolaires.
Les conditions de l’apprentissage, ce que nous appelons la création de situations,
de mise en situation des personnes, de mise en disponibilité d’apprendre ne sauraient
se résumer de la part de l’éducateur ou du formateur à un seul savoir être, devançant des
savoir faire, des compétences et son projet d’éducation, de transmission ou d’instruction.
La question est pourtant de se demander si d’un point de vue d’Éducation nouvelle
le savoir être vis-à-vis de « l’apprenant » n’est pas le premier savoir faire à acquérir de
la part de l’éducateur, du pédagogue, du formateur, du parent… et parfois un savoir être
présent surtout quand on est pas là, comme le rappelait Fernand Deligny.
Après le dossier sur les apprentissages scolaires [3] que nous avions commandé à Annick
Weil-Barais, nous éprouvions la nécessité de poursuivre en visitant à nouveau quelques
fondamentaux restés essentiels pour l’Éducation nouvelle. Comment agir dans notre
relation à l’autre, face et avec celui ou celle qui grandit, qui apprend, qui étudie, qui se
forme… Avec ou en appui sur une démarche pédagogique adaptée, un outil, des règles,
l’environnement, une méthode d’éducation active. Les articles et témoignages réunis dans
ce dossier disent notre conviction.
[1] Jean-Claude
Marchal, Ven 494.
[2] Voir Ven 494.
495, 497, 498,
499, 500, 504.
[3] Voir Ven 550,
avril 2013.