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Voici quelques idées et affirmations que nous pouvons
retenir des prises de paroles de ces 9 sénatrices et sénateurs
de tous les groupes politiques représentés au Sénat et de la
ministre madame Najat Vallaud-Belkacem, à l’occasion du
débat du 10 juin 2014.
Le centre de vacances est un lieu d’éducation, un espace de
socialisation et d’expérimentation, qui permet à plus d’un
million et demi de jeunes de partir en vacances. Cette éducation
passe par l’appropriation de savoirs et savoir-être
dans un contexte ni familial ni scolaire, dans le but de
construire les citoyens de demain, par la participation active
des jeunes dans leur séjours et par l’organisation des
centres avec des méthodes et des outils démocratiques.
Ces centres sont un des derniers lieux d’une possible mixité
sociale. Ils contribuent à la cohésion des liens familiaux
et sociaux. Certains sénateurs allant jusqu’à affirmer que
le départ en vacances doit devenir un droit fondamental.
ACCORD SUR LE SENS ÉDUCATIF
Le départ ouvre à l’altérité et à l’apprentissage de la vie en
collectivité à travers ses règles et ses contraintes. Objectifs pédagogiques toujours d’actualité à l’heure des
replis nationaux. Pour que cela soit encore possible,
il faut que ces finalités éducatives soient réintroduites
dans les projets des associations. Ces projets
feront la différence avec les offres commerciales.
Il a été rappelé que la multiplication des normes
imposées par l’État a contribué aux difficultés des
associations, et surtout, il a été rappelé que les
centres de vacances sont moins accidentogènes
que le milieu familial ou amical.
LA POSSIBILITÉ DU VOLONTARIAT
Des sénateurs et des sénatrices ont repris des propositions
du rapport parlementaire, en particulier
celle sur le volontariat ; proposition qui permettrait
aux plus de 17 ans de s’engager dans une mission
d’intérêt général auprès d’une personne morale à
but non lucratif agréée pour l’accueillir. Tout en rappelant
que ce parcours serait limité dans le temps et
que la revendication des animateurs ne porte pas
sur plus de repos mais une rémunération décente. Il
fut également question de la prise en charge des
formations BAFA-BAFD dans le cadre de ce volontariat.
Un sénateur a parlé des centres de vacances
comme complément de formation indispensable
permettant une immersion dans le réel. Une implication
citoyenne pour de futurs enseignants qui les
conduiraient à devenir proches des familles, cet
encadrement pouvant participer de leur formation
initiale. Sur l’encadrement, il est rappelé que la qualité
n’est pas liée au statut de professionnel ou de
bénévole. Ainsi l’encadrement des séjours est-il un
engagement social et parfois militant et ces jeunes
sont prêts à se dévouer au service des autres.
Ce débat au Sénat a permis de réaffirmer le sens
des centres de vacances et de l’engagement des
jeunes dans leur encadrement. Et surtout c’est la
première fois qu’une ministre se positionne aussi
clairement pour un dialogue sur le statut des animateurs animateurs
et formule l’existence du volontariat entre le
salariat et le bénévolat. De plus, la ministre a clairement
affirmé que les centres de vacances sont
un levier d’émancipation, d’éducation, d’apprentissage,
d’accompagnement à l’autonomie des
jeunes et surtout qu’une entreprise ne vaut pas
une fédération d’éducation populaire.
NE PLUS DIFFÉRER LES DÉCISIONS
Reste qu’aujourd’hui un enfant sur trois ne part
pas en vacances. En témoigne, la journée des
« exclus des vacances » organisée maintenant
depuis plusieurs étés par le Secours populaire.
Pour les enfants qui ont la chance de fréquenter
les centres de vacances, l’offre de séjours y est
chaque année un peu plus segmentée avec des
séjours souvent pensés comme des produits où
l’approche marketing devance l’approche éducative.
Les travaux des parlementaires, tant à l’Assemblée
qu’au Sénat, montre l’intérêt d’hommes
et de femmes politiques pour une institution
éducative aux mérites et vertus reconnus. Ils ont
permis d’établir une photographie assez juste du
secteur et bon nombre d’éléments de diagnostic
semblent partagés. En revanche, la volonté politique
d’avancer par la proposition d’un plan
d’ensemble ou pièce par pièce (l’aide au départ,
le statut des volontaires), semble toujours faire
défaut. C’est à l’urgence de décider qu’il nous
faut convaincre car une certaine idée, émancipatrice
et citoyenne, des colos se meurt.
Espérons que le changement de ministre n’annulera
pas les prises de positions de madame Najat
Vallaud-Belkacem en particulier sur un débat
autour du volontariat de l’animation. Les Ceméa
se tiennent prêt pour ce débat et à poursuivre
leur combat pour la reconnaissance de l’engagement
des jeunes et la création d’un statut de
l’animateur volontaire.
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