Début novembre, des acteurs associatifs du Nord et du Sud se sont réunis pour analyser les changements survenus depuis les révolutions arabes.
Qu’en as-tu retenu ?
Roland Biache - Nos partenaires du Sud ont apporté des éléments de compréhension sur une situation extrêmement compliquée. Des dangers pèsent sur l’ensemble des sociétés : afflux de réfugiés syriens qui fuient les atrocités de leur pays (2 millions au Liban), la progression des djihadistes de Daesh, risques de partition d’Etats, comme a u Liban, du fait des replis communautaristes. Il est donc bien difficile, dans ce contexte de crise aigüe et de violence exacerbée, de voir un avenir serein. Et pourtant toutes les associations présentes autour de la table engagent des actions en direction des populations les plus fragiles. Par exemple, la Ligue Syrienne pour la citoyenneté développe plusieurs programmes pour promouvoir la citoyenneté…
Le Liban était reconnu comme le pays du Proche-Orient où les différentes communautés (Chrétiens, Sunnites et Chiites) cohabitaient librement. Le "vivre ensemble" a - t - il toujours un sens au Liban et dans la région ?
Nous l’avons constaté par nous même, il règne un climat extrêmement tendu à Beyrouth et dans plusieurs régions, en particulier au sud et à l’est. Certains quartiers de la capitale sont « bouclés » et des contrôles sont effectués systématiquement sous l’œil attentif de chars de l’armée. Un climat de haine semble se développer à l’encontre des nombreux réfugiés syriens dont beaucoup sont refoulés. Dans ce contexte, il est facile d’imaginer les tensions qui peuvent se faire jour entre communautés, principalement Chiites et Sunnites voir Chrétiennes et entre identités, Kurdes notamment. Le pouvoir semble complètement dépassé puisqu’il est tiraillé entre les communautés (maronites, sunnites, chiites). L’effacement du politique en tant que régulateur a atteint son paroxysme. De ce fait, l’action publique est inefficace et laisse le champ libre aux acteurs privés. L’insécurité, la violence latente et la menace de l’éclatement du pays contribuent à dégrader les relations sociales et économiques dont les populations les plus fragiles font les frais en premier. Un exemple montre les difficultés du « vivre ensemble » aujourd’hui an Liban : les mariages entre chrétiens et musulmans sont devenus exceptionnels…
En marge du séminaire, vous avez visité le centre TWT situé à 60 km au sud, à Saiida. Cette association est soutenue depuis de nombreuses années par Solidarité Laïque. Comment les responsables peuvent-ils poursuivre leurs engagements ?
A ce jour, ce sont 50 enfants et adolescents de toutes nationalités (libanais, syriens, palestiniens…) et quelles que soient les confessions, qui sont accueillis aux Jardins de la paix. Les activités éducatives et de loisirs sont de qualité pour ces enfants souvent démunis et de nature à faire barrage contre tous stéréotypes. Même si dans le quartier on ressent cette atmosphère lourde faite de tensions, de ressentiments et de jalousie, les animatrices prônent toujours l’ouverture et la tolérance. Un soutien psychologique est aussi proposé aux enfants. Les jeunes sont heureux « aux jardins de la paix », mais l’année 2015 s’annonce difficile pour TWT, car il s’agira de trouver de nouveaux moyens pour louer les locaux du centre. Nous sommes déterminés à soutenir ce défi fondamental afin de poursuivre notre soutien à TWT, dont l’action est essentielle pour faire vivre une « laïcité », dans ce pays aux prises à la tourmente…
En savoir plus sur l’association TWT Les jardins de la paix que soutient Solidarité Laïque