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Deux chantiers dont l’expérience acquise vient enrichir l’enjeu d’expérimenter
la pertinence d’une éducation culturelle en s’appuyant sur des pratiques artistiques et
des parcours de spectateurs.
Deux chantiers originaux dont la mise en oeuvre nécessite un ensemble de compétences
pédagogiques, éducatives et artistiques, un cadre logistique, organisationnel,
un potentiel humain et financier sans lesquels ces programmes d’actions ne pourraient
pas être réalisés.
Deux chantiers qui comme les séjours culturels « Lycéens et apprentis » d’Avignon *
parient sur l’éveil que peut provoquer chez des jeunes scolarisés la rencontre avec
un spectacle, une équipe artistique.
Ce dossier présente à la fois leur histoire, le développement de leurs activités, les enjeux
et problématiques actuels auxquels ils sont confrontés sans oublier leurs perspectives.
Au-delà de la dimension impressionnante de ces opérations toutes les deux
commanditées par des Régions et confiées à une association (ampleur et recours au
marché public qui doivent continuer à générer de la réflexion), un mot encore pour
attirer l’attention sur ce qui nous semble le plus original dans ces aventures
pédagogiques : la place singulière que les Ceméa donnent à ce type d’intervention(s)
que les mots de médiation culturelle ou de médiation artistique ne sont pas en mesure
d’identifier avec justesse et que le mot « accompagnement » qui se banalise peine à
caractériser aujourd’hui de manière atypique ; la place importante faite aux partenariats
pérennisés, indispensables certes mais qui peuvent néanmoins être interrogés, et puis
surtout dans ces projets en évolution, la place donnée ou « rêvée » (dans un sens positif)
aux devenirs possibles des jeunes concernés. Pour ce qui est des clubs théâtre en particulier, il y a cet objectif explicite d’autonomisation conduisant à un déplacement du
regard mais aussi au passage d’actions directes habituelles d’animation et d’accompagnement
des jeunes par les adultes vers des actions conjointes de formation in situ de jeunes accompagnateurs
bénévoles, capables d’organiser en relais, la prise en charge, l’autogestion
relative de ces clubs… « L’autogestion », l’autogestion, jusqu’où ? Le tutorat « technique »/« disciplinaire
» peut-il également être remis en question ? On pense à l’histoire tâtonnante mais
réelle des petits groupes de pratiques en amateurs et à ce que déclarait Augusto Boal :
« L’être humain devient humain quand il invente le théâtre. La profession théâtrale, qui
appartient à quelques-uns, ne doit pas cacher l’existence et la permanence de la vocation
théâtrale, qui appartient à tous. Le théâtre est une vocation pour tout être humain… »
En juillet 2012, le Conseil régional d’Ile-de-France publie un marché visant à assurer l’accompagnement
des lycéens et apprentis pour la mise en oeuvre de clubs théâtre dans les
lycées et CFA de la Région Ile-de-France. L’association territoriale Ceméa d’Ile-de-France
décide de répondre au marché et remporte le projet pour une année expérimentale en
2012-2013. Après un bilan et quelques réaménagements du projet initial, l’Arif vient de
remporter à nouveau le marché pour trois ans et ce sont aujourd’hui près d’une trentaine
de clubs théâtre qui ont vu le jour dans les lycées et CFA franciliens.
À la rentrée scolaire 2007, la Région Basse-Normandie crée une saison de spectacles qu’elle
nomme saison culturelle Cart@too, du nom du dispositif favorisant l’accès à la culture et
aux loisirs des lycéens et apprentis. Cette saison vise avant tout à faire des propositions
artistiques accompagnées sur des territoires qui ne bénéficient pas d’une offre culturelle
forte. Expérimentée sur trois sites, la démarche est amenée à se développer. C’est pourquoi,
l’année suivante, la Région propose aux Ceméa de Basse-Normandie de prendre en charge
cette saison qui est passée de huit représentations en 2009 à trente-trois en 2013-2014.
Bertrand Chavaroche et Jac Manceau
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