Israël - Palestine : des outils pédagogiques pour comprendre le contexte géopolitique

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Après quatre mois d’attaques aériennes, de massacres de civil·es de la part du gouvernement d’extrême droite d’Israël qui ont fait suite à l'attaque terroriste du Hamas le 7 octobre, une partie de la communauté internationale réagit et en appelle au respect du droit international. Les Ceméa, porteurs des valeurs d’éducation à la paix se positionnent et œuvrent pour un soutien pédagogique à la communauté éducative. 

Handala

« Tout être humain peut se développer et même se transformer au cours de sa vie. Il en a le désir et les possibilités ».

Gisèle de Failly

L’éducation à la paix

En 1921, après la 1ère guerre mondiale, des pédagogues du monde entier se réunirent au 1er Congrès de La Ligue Internationale de l’Education Nouvelle à Calais pour débattre et interpeller le plus grand nombre afin que les générations futures n’aient plus jamais à vivre ce qui venait de se passer. Impossible, pour elles et eux, de se résigner à ce que des jeunes du même âge, dans un même territoire géographique, sous prétexte d’avoir des nationalités différentes, des cultures différentes, des histoires sociales différentes, s’entretuent au nom d’une idéologie quand ils et elles pourraient construire un avenir commun. 

Ces pédagogues ont alors pensé que l’Éducation était la solution, ils et elles ont dessiné les contours d’une éducation à la Paix. Un demi-siècle plus tard, après la tragédie de la Shoah, le philosophe Théodor Adorno, nous exhorte de « croire que l’éducation peut encore quelque chose contre la barbarie ». Aujourd’hui, dans d’autres lieux, la barbarie revient et continue comme une histoire qui se répète. C’est dans ce contexte que les Ceméa pensent que l’éducation, et plus particulièrement l’éducation critique, reste l’une des conditions nécessaires à la paix. Nécessaire mais pas suffisante car nous devons allier éducation et justice, éducation et liberté pour tous et toutes.

Les Nations Unies, qui se sont instituées en 1945, à la suite de la seconde guerre mondiale dans un objectif de maintien de la paix et de la sécurité internationale suite aux horreurs commises, rappellent 79 ans après, la nécessité de vivre en paix, et de respecter les droits humains.

Le contexte géopolitique actuel

Le 7 octobre 2023, les massacres perpétrés par le Hamas tuent 1200 civil·es et font plus de 5000 blessé·es [1] dans la population  israélienne. La réponse apportée par le  gouvernement israélien  à ces actes terroristes, consistant à bombarder massivement et sans distinction les territoires et les civil·es gazaoui·es, bafoue  les règles de la guerre qui émanent du droit international humanitaire (DIH)  [2].

Après quatre mois d’attaques aériennes et terrestres, de massacres de civil·es de la part du gouvernement d’extrême droite d’Israël influencé par le parti politique du Likoud, la communauté internationale réagit et en appelle au respect du droit international. Le 26 janvier 2024, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a ordonné qu’Israël « prenne immédiatement des mesures pour garantir que son armée ne viole pas la Convention sur le Génocide [3] ».

En date du 21 février 2024, le conflit faisait état, selon le Ministère de la Santé de Gaza de plus de 27 000 morts, chiffres relayés par les Nations Unies excluant les milliers de personnes décédées hors des hôpitaux et plus de 70 000 blessé·es. Le secrétariat des Nations Unies a annoncé que la situation humanitaire à Gaza est de « plus en plus grave » avec des restrictions d’accès aux soins de première nécessité, d’alimentation, électricité et d’eau potable. 

Le 12 mars 2024, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) alerte sur le fait que "plus d'enfants ont été tués dans la bande de Gaza en quatre mois de guerre avec Israël qu'en quatre ans de conflits à travers le monde". Les Ceméa suffoquent face à tant d'abominations.

La position des Ceméa

Pour nous pédagogues, pour nous citoyen·nes engagé·es porteurs et porteuses des valeurs d’éducation à la paix, la fin ne justifie jamais les moyens car les moyens témoignent toujours de la fin que l’on poursuit.

Les Ceméa affirment aujourd’hui, que ce que fait vivre le gouvernement israélien d’extrême droite au peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie, est contraire au respect des droits humains et à l’auto-détermination des peuples. Les Ceméa condamnent toutes formes de violence et d’occupations coloniales et anti-démocratiques.

              Il n’y aura pas de paix sans justice

L’un des principes fondateurs des Ceméa défini par Gisèle de Failly en 1937, est que « Tout être humain peut se développer et même se transformer au cours de sa vie. Il en a le désir et les possibilités ». Les mécanismes d’intimidations et d’oppression tels que la colonisation, les humiliations, la non-accessibilité aux denrées de première nécessité, le contrôle des communications et des déplacements sont des mécanismes qui empêchent une personne de se développer et, de fait, de s’émanciper.

Les Ceméa soutiennent la communauté internationale qui contribue à ce que les deux communautés qui s’affrontent parviennent à sortir d’un état de déséquilibre. L’une étant parmi les plus riches du monde et l’autre parmi les plus pauvres, un sentiment de frustration, d’injustice et de la déconsidération réciproque n’aide pas à faire humanité.

Les Ceméa agissent

Les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, que les Ceméa condamnent, ont mis en avant, à l'échelle internationale, la guerre entre le Hamas et le Likoud. Même si cela ne justifie rien, il faut rappeler que le peuple palestinien vit sous oppression depuis la création de l’État d’Israël en 1947,  après avoir subi la « Nakba » [4], dont les promesses de la communauté internationale du « droit au retour » (Résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations Unies) n’ont jamais été respectées 

Il n’y aura pas de paix sans justice et le respect du droit international semble être l’étape nécessaire pour envisager toute négociation ou accord de paix entre les différentes parties prenantes de la région. 

Pour expliquer ce que les Ceméa condamnent et pourquoi ils le font, il est essentiel de savoir ce que le Hamas prône dans ses différentes positions, comme celle de mettre en place un État théocratique par exemple. Il en est de même avec le Likoud qui défend les mêmes positions sur des bases religieuses différentes. Ces 2 projets politiques, similaires, sont responsables d’une occupation et de l’organisation d’un génocide. Il est essentiel d’en maîtriser les définitions et notions pour comprendre la situation actuelle et l’expliciter.

Nablus

Les Ceméa s’engagent pour les professionnel·les de la communauté éducative qui souhaitent ou qui ont besoin d’outils et de supports pour engager la discussion et/ou échanger sur le sujet d’Israël et la Palestine. Seront disponibles, à compter du 16 mai 2024, à l’occasion de la journée internationale du vivre-ensemble en paix, sur la plateforme numérique Yakamédia des démarches pédagogiques pour comprendre le contexte et les enjeux historiques, géopolitiques et sociétaux.

Pour pouvoir mieux comprendre le monde qui nous entoure, il faut faire preuve d’esprit critique. 

Sur du plus long terme, les Ceméa affirment que l’éducation jouera un rôle central dans la réconciliation de ces deux peuples. Là, comme chez nous, il devient urgent d’enseigner plus minutieusement l’histoire des migrations pour permettre d’aller au-delà des assignations identitaires.

Dans ce cas précis, les Ceméa encouragent une éducation commune et partagée pour ces communautés qui permettrait de favoriser le vivre ensemble et la sérénité dans cette région. Aider à se découvrir, se comprendre et se respecter permettra d’engager des échanges fondés sur la coopération de toutes et tous au service d’un monde pacifié et solidaire.


[1]  Chiffres ONU/OCHA

[2]  Le DIH composé de plusieurs textes ratifiés en partie à la sortie de la seconde guerre mondiale, dont la Convention de Genève en 1949, énonce notamment plusieurs principes fondamentaux de la protection des civil·es en temps de guerre.

[3]  Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide – 11 décembre 1946

[4] « Nakba » qui signifie en arabe « la catastrophe » et qui représente pour les Palestinien·nes l’exode forcé de plus de 800 000 palestinien·nes lors de la création de l’État d’Israël. En 2024, avec la guerre à Gaza, les palestinien·nes parlent d’une « seconde nakba ». Il est important de rappeler que nombre de gazaoui·es sont des réfugié·es de 1948.