Ces journées, animées sous la forme de conférences et de tables rondes, ont mobilisé aux différentes tribunes proposées plus de trente orateurs originaires d’horizons complémentaires et aussi diversifiés que ceux des secteurs associatifs, des collectivités territoriales, de l’université ou de la recherche.
La thématique centrale retenue partait du constat d’une mise en évidence depuis une vingtaine d’années des impasses de la démocratisation culturelle. Ce constat, fondé d’une part sur les résultats des enquêtes relatives aux pratiques culturelles des Français qui montrent l’absence de transformation de la structure des publics, d’autre part sur la remise en question des fondements même de l’idée de démocratisation par le développement de modes d’expression culturels nouveaux, parfois issus de la culture de masse, parfois autoproduits et qui ne s’ajustent plus totalement aux valeurs de la culture légitime, a été le point de départ de débats passionnants, parfois passionnés.
Il est ressorti des différents échanges que le modèle français de politiques culturelles, élaboré autour du discours de « l’exception culturelle » et sur un double principe de « construction nationale » et de « droit à la culture pour tous », semble dépassé et devrait aujourd’hui se reconfigurer vers une action publique culturelle articulée selon le triptyque : transversalité – territorialité – partenariat. Pour ce faire, il serait nécessaire d’affirmer la dimension anthropologique de la culture en ne réduisant pas celle-ci à la seule pratique artistique, d’intégrer deux approches complémentaires, celle verticale de la « culture académique » et celle horizontale de la « culture des acteurs » et de reconnecter les trois dimensions des cultures : savantes, populaires et de masse. Dans ce contexte, nombre d’orateurs attirent l’attention sur le danger des pensées binaires trop réductrices et qui ne peuvent dire les processus complexes de légitimation, d’émergence et de prolifération sur les marges, de pratiques militantes, de partenariats multiples. En tant que militant d’un mouvement d’Education Populaire, nous ne pouvons ici que vibrer à l’appel lancé de re-politiser le débat autour de la culture et de l’action culturelle tout en retenant également pour principe qu’au-delà des mots et parfois des belles intentions participatives, nous devons rester attentifs à la place réellement occupée par chacun des acteurs impliqués dans tout projet.
Luc Greffier